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Hendaye - Banyuls, la grande traversée, par Gérard Filoche.

4e partie : Mérens - Banyuls
51 - Jujols, 960 m - Villefranche de Conflent, 430 m
Extraits du livre.

Dénivelé + 490 m. Dénivelé – 1020 m. 12 km

Vous n'avez rien perdu ?

Libéria ...La journée s'annonce tranquille, belle, ensoleillée et à priori sans difficultés majeures, comme hier quoi ! Et ils rigolent en plus ! Avant de partir, offrons nous une visite de ce petit village de 35 habitants, très bien restauré, et de sa belle église romane du XII ème siècle.

En ce énième jour sous le soleil, mais il est vrai que la région s'enorgueillit d'être une des plus ensoleillée de France, à 8 h 30, sous ce pur soleil donc, nous faisons vraiment les premiers pas vers notre but de ce soir. Le Canigou nous guette du coin de l'oeil. A bientôt...

Les dernières maisons à peine dépassées, une superbe fontaine lavoir se laisse photographier. Le sentier quitte Jujols par le Nord, serpente gracieusement dans de petits vallons, puis grimpe vers le Nord ouest en direction du col. Sans trop de mal, nous rejoignons la piste forestière quittée hier. Au fur et à mesure de notre montée le paysage se découvre, et quel paysage ! Le petit village que nous avons quitté est là sous nos pieds, perdu dans cette immensité pastorale…

…Le chemin continue le long de la courbe de niveau parmi les sapins très serrés qui forment un triste sous-bois bien désertique. Lorsque nous débouchons enfin sur le versant soulane, les arbres disparaissent et font place à une végétation beaucoup plus clairsemée mélangeant genêts, euphorbes, et buissons épineux. Nous sommes sur la crête entre la réserve du Conat et la forêt domaniale du Coronat. La chaleur n'aide pas à une parfaite vue du paysage, une brume caractéristique est là, au dessus de la vallée, l'air devient lourd et pesant. Nous louvoyons ainsi dans cet environnement pendant une bonne heure.

Le Canigou, le principal point de mire dans notre champ de vision est à une portée de main. Il semble nous appeler, lui qui est le maillon fort de cette chaîne montagneuse…

…Nous parvenons à la chapelle Saint André à 883 m d'altitude, il est 13 h 15 et le lieu est idéal pour notre arrêt casse-croûte. Cet édifice domine la vallée du Têt avec Villefranche de Conflent que nous entrevoyons, car elle est en partie cachée par la colline où est implanté le Fort Libéria construit en 1681 par le talentueux maître en la matière : Vauban…

…Il est 14 h 30, les sacs se sont allégés de leurs provisions et nous avons hâte d'en finir, mais la partie n'est pas gagnée d'avance, nous ne le savons pas encore, surtout moi...

Après Jujols Sur ce parcours hors GR, pour rejoindre le fond de la vallée, deux chemins se présentent à nous. Soit brutalement dans la pente, soit en contournant le mamelon situé au N-E, offrant certes un parcours en escargot, mais plus accessible et plus cool semble-t-il...Après réflexions, études et autres hypothèses avec Gérard, je décide que nous prendrons le plus simple, c'est à dire celui qu’évite la brutale déclivité. Cela me semble plus raisonnable et de plus le chemin pointillé en noir sur la carte est au départ, balisé en jaune, hum !!

…Alors, c'est par là, dis-je plein de conviction. Une courte descente, deux chemins, ah !, prenons à droite vers notre point de repère qu'est l'antenne radio au sommet du mamelon. Le balisage part vers l'autre vallée, nous le quittons donc. Nous continuons et arrivons au pied de notre antenne. Bien, j'ai la carte au 25000 ème et le terrain sous les yeux. Jusque là tout va bien. Une piste forestière, parfait, mais attention, à 50 mètres, il faut bifurquer à droite pour prendre le fameux chemin pointillé en direction du SO et nous fait descendre dans la vallée. Ah !, ces chemins pointillés noirs existent bien chez Monsieur IGN, mais sur le terrain, c'est une autre affaire. Il est bien là ce foutu chemin, mais je sens que ce n'est pas joué. Je m'interroge, si si, regardez mon front plissé sous la concentration…

…Le demi-tour ne semble pas être une meilleure solution, alors puisque nous avons le Fort devant nous, prenons le en ligne de mire, oui, mais pour l'atteindre, 240 m plus bas, ne se trouvent qu'arbres, végétation et épineux de tous genres. A partir d'ici s'engage une aventure à classer entre les trois épisodes d'Indiana Jones. J'exagère à peine. Le chemin si bien tracé sur la carte ne l'est plus sur le terrain. Toujours sur le petit muret qui devient de plus en plus bancal, nous peinons. Ce n'est pas le tout de marcher quasiment à plat, il faut perdre à tout prix de la hauteur. Quelques dizaines de mètres devant mes compagnons qui suivent mes traces, j'invente quelques passages dans les broussailles, dégage quelques pierres roulantes dans les petits éboulis, mais je peine à prendre la pente. Les arbres déracinés ou abattus par le temps créent des obstacles perpétuels. Les épineux ne se privent pas pour égratigner les jambes de ces randonneurs aventuriers. En bref, c'est la galère, et quelle galère...

…Je me bats face à une nature hostile et pense à mes amis derrière moi qui doivent sûrement m'en vouloir. Je rage que nous soyons dans cette situation. Pour le moment, laissons les regrets de coté, ils peuvent empêcher la concentration pour nous sortir de ce mauvais pas. Descendre oui, mais comment ? Il se trouve toujours des cailloux roulants sous des ronciers quasiment impénétrables. Maintenant, un énorme arbre couché barre le chemin, enfin si chemin il y a. Pas moyen de le contourner, je n'ai pas de machette, mon couteau ne suffirait pas, il faut que je passe à travers. Dur, dur d'écarter, branches, feuilles avec un sac à dos qui s'accroche partout. Au moins l'espace sera dégagé pour mes amis.

Nous nous regroupons pour souffler un peu et faire le point de la situation. Oh, en quelques mots choisis, c'est vite résumé : un peu égarés, mais pas perdus !! Mes compagnons, d'un calme étonnant voient bien l'endroit où nous sommes et celui où nous devons aller, pas besoin de faire un dessin…

…Voilà 1 h 30 que je le cherche ce salut. Encore un gros arbre abattu qu'il faut traverser péniblement et le muret change brutalement de direction. Alors qu'il se poursuit à main gauche, j'aperçois sur la droite, un gros rocher avec une marque très visible, une espèce de croix rouge sur fond blanc. Premier signe de civilisation, à croire que nous sortons de la brousse. Intrigué, je vais voir de plus près…

…Un ouf de soulagement parcourt l'assistance et sans attendre plus longtemps, nous déboulons vers notre Fort qui est à une portée de main, écorchée. Enfin nous touchons le Fort Libéria et découvrons quelques lacets plus bas, Villefranche de Conflent, véritable miniature ceint de ses remparts, et sa fameuse gare de jonction…

…Comme à Arquizat, nous sommes hors GR et les gîtes d'étapes dans le sens propre du terme, sont peu nombreux. Donc, les chambres d'hôtes ou hôtels sont indispensables…

…Pour le repas de ce soir, nous devons chercher en ville…Il est 22 h 45 lorsque nous regagnons nos pénates, pas mécontents de cette journée, riche en émotions. Demain jour de repos, enfin c'est moi qui le dis, car...




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