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Hendaye - Banyuls, la grande traversée, par Gérard Filoche.

4e partie : Mérens - Banyuls
56 - Les Cortalets, 2150 m - Batère, 1500 m
Extraits du livre.

Dénivelé + 252 m. Dénivelé - 901 m. 16 km

La descente : acte premier

Après le Canigou ...Le géant Catalan est derrière nous. En ce petit matin d'un nouveau jour, nos esprits n'ont de pensées que pour cette ligne magique, là bas tout au fond de l'horizon, une page se tourne. Dans 5 jours, nous aurons les pieds dans l'eau salée, le bout de l'aventure. Avec le recul, je me rends compte que cette vision du but final fut un moment impalpable, intense, une bulle éclatant sur des yeux émerveillés, oui, mâaaagique ! Aujourd'hui, la Méditerranée, s'offre à nous, mais dans quelques heures, du fait des vallées traversées, elle disparaîtra de notre vue, pour ne surgir que le dernier jour…

…Batère est notre étape du soir, et si vous vous souvenez bien, si si, je l'ai dit en début de récit, j'ai préféré un arrêt sur les hauteurs plutôt que de parcourir d'un trait les 9 h sur 2120 m de descente vers Arles sur Tech. C'est un gros chiffre, vous en conviendrez. Personnellement, je n'avais aucune envie de faire cet énorme dénivelé, raison de plus pour ne pas l'imposer à mes compagnons. De notre fenêtre, nous voyons les balises de la variante du GR 10 peintes sur un pin penché. En consultant la carte, je n'ai pas eu beaucoup d'hésitations quant au choix de l'itinéraire. Pour rejoindre le Ras del Prat Cabréra, le GR emprunte la piste forestière, alors que cette variante, pour arriver au même point, reste plus haut dans les pentes du Canigou…

…Entre deux volutes de nuages, ce chemin en balcon offre continuellement une superbe vue sur la vallée et la mer. Non seulement le paysage est exceptionnel, mais l'environnement n'est pas en reste. Comme hier, c'est un véritable jardin de rhododendrons et de genêts, les pentes du Canigou ne sont que feu d'artifice chamarré d'un rouge et jaune étincelants. La brume qui nous recouvre par moment, apporte cette ambiance ouatée et feutrée, toute particulière. Cette situation fait partie de ces instants particulièrement agréables rencontrés lors d'une randonnée au long cours… Nous apercevons le petit col du Ras del Prats-Cabréra en contrebas. Si au-dessus de nos têtes, le soleil nous dispense sa chaleur, au loin, sur la côte, il est évident que le mauvais temps règne. De gros nuages d'un bleuté presque noir, déversent des tonnes d'eau sur un horizon complètement en proie aux foudres de la tempête. C'est mieux que cela se passe là bas !

Quel égoïsme, n'est ce pas !

Orage …La suite de notre parcours se résume à peu de chose. Devant nous, une vallée, celle de Valmanya, du nom du petit village Catalan situé un peu plus en aval. Pour rejoindre l'autre versant, nous devons descendre au fond vers le Sud-Ouest, franchir la rivière nommée la Lentilla, et continuer plein Est, pour parvenir bien plus tard au col de la Cirère. A vol d'oiseau, le versant ombret n'est qu'à 1,250 km, mais nous ne sommes pas des oiseaux, ou alors des drôles d'oiseaux...Bref, après une courte pause, nous plongeons dans le versant soulane. Les fleurs que la nature a bien voulu disposer sur notre chemin sont encore recouvertes de perles de brume. Du bel ouvrage qui ne laisse pas indifférent les humbles êtres de passage que nous sommes. Nous avons franchi le ruisseau et remontons vers le col. Nous ne le savons pas encore, mais ce parcours nous offre nos derniers massifs de rhododendrons de toute notre traversée…

…Seul dénivelé positif de la journée, le sentier, bien plus étroit, se trouve être dans une forêt de sapins. Il s'étire, grimpe quelques rudes lacets et à vrai dire semble interminable. Dans une trouée, nous apercevons au loin, une vaste étendue de pâturages. A priori, c'est notre col, il semble bien loin, alors marchons, marchons...Oui, il se trouve des parcours qui semblent plus long que d'autres, et pourtant, le paysage est superbe. Nous y voilà enfin à notre col du jour, oh, pas très haut, seulement à 1731 m ! Le col est sur l'une des principales arêtes du Canigou. Il permet ainsi de passer du versant Nord, autrement dit de la vallée de la Têt, au Vallespir et la vallée du Tech. Devant nous, se trouvent encore bien des monts et vallées boisées, avant notre but, Banyuls. Allez courage...

…Depuis le col à Arles sur Tech, tout en bas dans la vallée, 1449 m de descente. Ajoutez celle depuis les Cortalets, et nous arrivons à notre chiffre du jour : 2120 m de dénivelé négatif. De quoi, laisser quelques forces et quelques millimètres carrés de cartilage au niveau des genoux ! Et c'est donc pour éviter cette longue et pénible descente que j'ai préféré un arrêt à Batère à 1500 m d'altitude. Sympa, non ?...

…Nous prenons une grande inspiration et plongeons dans la vallée… Le refuge, n'est plus qu'à une centaine de mètres. Voilà, nous y sommes, il est 17 h.




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