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Hendaye - Banyuls, la grande traversée, par Gérard Filoche.

2e partie : Gabas - Les Granges d'Astau
27 - Loudenvielle 970 m - Les Granges d'Astau 1139 m    
Extraits du livre.

Dénivelé + 1161 m. Dénivelé – 992 m. 20 kms

La cabane d'Ourtiga ...A 8 h 30, nous partons pour cette longue étape. Direction Germ, petit village sur les hauteurs à 1339 m. Initialement, j'avais choisi une autre possibilité, mais vite abandonnée sur les conseils de notre hôte d'hier soir. Elle me paraissait pourtant plus courte et peut être plus facile. Bon, nous verrons bien. Nous rejoignons Loudenvielle et le GR10 par un petit bout de route. Le village est très calme et visiblement encore endormi. Rapidement, la pente s'accentue. C'est normal pour ce dénivelé. Les premières gouttes (de sueur) sont là malgré une allure qui se veut régulière. Nos "amis " les taons assez discrets jusqu'à présent nous rappellent à leur bon souvenir, juste avant d'entrer dans le village de Germ. Il est 10 h. Alors protection radicale sur toutes les parties sensibles. Cette crème sent vraiment l'insecticide. Pouah !

Germ est un village de berger. Les montagnes environnantes ont servi de cadre pour le tournage d'un superbe reportage, filmé avec beaucoup de poésie, de pudeur et de tendresse sur la vie de ces derniers veilleurs du monde. Le titre : « Les quatre saisons du berger ». Jean-Paul Jaud, auteur et réalisateur, assisté de son équipe ont partagé la vie d'Alphonse Oustau, le berger du Louron. « Un an pour découvrir le rythme sempiternel des saisons, marqué par la fraternité et l'humanité de ces hommes de la montagne ». Un document remarquable qui me plonge dans leur univers à chaque fois que je le regarde…

…Le sentier se poursuit maintenant en balcon afin de contourner la montagne et ainsi rejoindre l'autre itinéraire au niveau de la cabane d'Ourtiga à 1620 m. Nous n'y sommes pas encore, loin s'en faut. Il commence à faire bien chaud. J'ai l'impression que la journée sera dure pour les organismes. Peut-être le contre coup d'hier. En tout cas, une pause est décidée sous les seuls ombrages que nous rencontrons. J'avais acheté une brique de lait (½ écrémé), cela me manquait. Elle se termine ici même. Quel délice. Le chemin se poursuit en pleine prairie en dominant la vallée du Louron. Loudenvielle et son lac sont déjà bien loin, là-bas. Bien marqué, il prend rapidement un axe sud-est. Cette fois, nous perdons définitivement de vue la vallée. La pente s'accentue avant un petit passage ressemblant à un col étroit, mais peu marqué. De l'autre coté, à droite, nous apercevons la variante. Mais après ce passage, l'on peut se rendre compte de la distance qu'il nous reste à parcourir avant le col de la journée. Cette fois, le GR descend vers le torrent, le suit, le contourne, le surplombe, puis remonte vers le plateau de la cabane d'Ourtiga. Le col, lui, est encore caché…

…Le topo-guide précise un peu plus loin :

- Il faut traverser un raide couloir d'avalanches (neige ou éboulis), à franchir avec précaution, (et ses bâtons). Mais le GR a tout simplement disparu, avalé par les glissements de terrain. Une énorme cavité dans la montagne. Il faut donc contourner par le haut, et redescendre en pratiquant une synthèse gymkhana-montagnes russes. Impressionnant tout de même. Sur la carte le GR est indiqué faisant un angle droit vers le N.E avant de remonter brutalement la pente. Je cherche, tu cherches, nous cherchons des traces rouges et blanches. Plus rien, que nenni. Aucune similitude entre le terrain et la carte, il faut se décider. Alors, je décide :

- C'est par là, oui, oui, par là !

J'engage mes compagnons dans un endroit non balisé, mais sans risque puisque nous longeons le torrent…

…La montée vers le plateau situé à 1600 m est laborieuse, malgré la beauté sauvage du site. Les eaux grondent leur colère et dévalent la pente rocailleuse. La cabane est maintenant juste de l'autre coté de la rive, sur un promontoire…

…Il est 15 minutes passées de 12 heures, le GR est retrouvé ou plusieurs vallées s'ouvrent sur ce grand espace. Des falaises marquent les angles, si bien qu'il est difficile de déterminer l'endroit exact du col. Nous nous contentons d'un petit repas léger, repas qui tient plus de la collation que du banquet. Le soleil est au Zénith et le vent est quasiment nul. Un peu de lassitude commence tout de même à se faire sentir… Allez courage, plus que 1 heure 40 mn pour le col. Hum !! Je pense que l'on y arrivera hors délai…

…A ce moment, ce sont les termes décrivant la première étape qui me reviennent en mémoire : laborieuse, difficile, fatigante. Sans m'arrêter, je cherche le chemin du regard. J'aperçois un col très marqué dans la montagne. D'ailleurs, un groupe en descend. Ce n'est donc plus très loin, relativement, nous pouvons apprécier les distances. Nous avançons lentement, très lentement. Le groupe se rapproche, il est à une intersection. Je vais pouvoir demander le temps approximatif qu'il nous reste jusqu'au col :

- Ce n'est pas le bon col, disent-ils, c'est l'autre versant là, à gauche. Nous venons des lacs de Nère. Voilà qui est dur pour le moral...et les jambes...et la tête...

Le groupe continue donc sa descente, nous laissant là méditant sur notre chemin non pas à suivre, mais à espérer…

… Revenons à notre pénible montée, meuh oui !, nous y sommes encore et ce n'est pas fini. Après notre groupe de randonneurs (euses) nous croisons cette fois un solitaire, pas un sanglier, mais un marcheur en promenade décontractée, vu le petit sac à dos qu'il porte. A la question rituelle :

- Bonjour, s'il vous plaît, Monsieur, pouvez vous nous dire sans ménagement, le temps possible pour atteindre le col, s'il existe vraiment ?

A son regard, je sens bien qu'il pèse chaque mot de sa réponse. J'ai l'impression qu'il a en face de lui deux individus lui demandant le trottoir roulant le plus proche et le plus rapide. Il y a encore 250 m de dénivelé.

- Pour vous, il vous faudra bien 1 h 15. Compatissant, le gentil Monsieur a dû volontairement diminuer le temps. Nous voilà repartis au train de limaçon. Nous voilà au col du Couret d'Esquirey à 2131 m. Il est 15 h. Si le point le plus haut est atteint, la descente s'annonce tout aussi redoutable. Mais, tout en bas, le gîte... Et du col au gîte, 2 h 30, voilà, c'est dit.Nous débouchons de la forêt. Le hameau est enfin visible. Une grande rasade de lacets jusqu'à la rivière où Gérard nous attend. Encore 500 m et nous voilà arrivés. Les granges d'Astau, terminus, tout le monde s'arrête. Les quelques bâtiments sont principalement des auberges et des gîtes. C'est le point ultime de la route pour le lac d'OO et après, c'est un chemin, notre GR10.




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